Est-ce que tu m'aimes encore ?

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« Rainer, le soir tombe, je t’aime. Un train hurle. Les trains sont des loups, les loups c’est la Russie. Pas un train, non – c’est toute la Russie qui hurle après toi. Rainer, ne sois pas fâché contre moi, fâché ou pas, cette nuit je couche avec toi. Une fissure dans l’obscurité, parce qu’il y a des étoiles, je ferme : la fenêtre. (Quand je pense à toi et moi je pense fenêtre, pas lit.) Les yeux grands ouverts, car dehors il fait encore plus noir que dedans. Le lit est un bateau, nous partons en voyage. » M.T.

C’est par Boris Pasternak, alors au début de sa carrière d’écrivain, que Marina Tsvétaïeva entre en correspondance avec celui qui incarne la poésie, le grand Rainer Maria Rilke. « Poétesse-née », d’après les mots de Pasternak, elle séduit Rilke et leurs échanges deviennent très vite aussi amoureux que poétiques. Leur correspondance ne durera que quatre petits mois, entre mai et septembre 1926. Elle s’arrête brutalement, avec la maladie de Rilke et sa mort le 29 décembre 1926, sans qu’ils n’aient pu jamais se rencontrer. Cette passion épistolaire et éthérée est une histoire d’amour comme on les aime, triste et belle.

Ce livre audio a reçu en 2019 un Coup de cœur de la parole enregistrée de l'Académie Charles Cros, catégorie Correspondances,

Book details

About the author

Marina Tsvétaïeva

Marina Tsvétaïeva, née en 1892 à Moscou, émigre en 1922, après la Révolution d’Octobre. Après trois ans passés à Berlin et en Tchécoslovaquie, elle se rend à Paris, où elle vit de 1925 à 1938. Refusant « l’esprit de parti », elle n’est acceptée ni par les Rouges, qui l’accusent d’avoir trahi leur cause (notamment dans son recueil Le Camp des cygnes), ni par les Blancs, qui lui reprochent son admiration pour Maïakovski ou Pasternak. Elle retourne ensuite en URSS, et s’y suicide en 1941.

Rainer Maria Rilke

Rainer Maria Rilke (1875-1926), écrivain et poète autrichien, est l’auteur d’une œuvre poétique sensible, tourmentée et pétrie de spiritualité. Destiné à l’armée par son père, éduqué en fille par sa mère, il se trace en littérature une troisième voie. Adulé de son vivant par toute l’Europe, il reste l’un des plus grands poètes du XXe siècle, que Marina Tsvétaïeva nommera dans leur tardive correspondance « la poésie incarnée ». Après de nombreux recueils, tel « Le Livre de la pauvreté et de la mort » (1903), il publie en 1922 ses deux chefs d’œuvre, achevés grâce à une exaltation créatrice dans son refuge suisse de Muzot : ses « Sonnets à Orphée », dédiés à la danseuse hollandaise Wera Ouckama Knoop, morte trop tôt, et les dix « Élégies de Duino », sacrées par Lou Andreas-Salomé comme « l’inexprimable dit, élevé à la présence ». Ses dix « Lettres à un jeune poète » seront publiées à titre posthume, en 1929, trois ans après sa mort.

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